
Un incendie dans une villa de la Côte. Une jeune fille brûlée vive – défigurée -, une autre morte. La survivante, dotée d’un nouveau visage à force de greffes, est amnésique. Une austère gouvernante lui rappelle qu’elle est l’héritière d’un empire industriel italien ; son amie d’enfance, fille de la femme de ménage de la famille, a péri dans le feu. Mais la rescapée n’est-elle pas plutôt la victime présumée ? Qui a voulu tuer qui ? Qui a finalement tué qui ? Sur fond d’héritage se profile un avocat manipulateur et manipulé. Les soupçons redoublent…
Alyzée Costes et Nassima Benchicou jouent à ravir les pestes craquantes, libertaires libertines, égoïstes perverses. Le décor évoque une terrifiante attraction de foire, aux effets démultipliés par d’habiles lumières. Néanmoins, deux obstacles se dressent devant cette adaptation du polar de Sébastien Japrisot, publié en 1963. Le premier est l’esthétique sixties : robes corolles et coiffures choucroutées siéent mal à cette guerre intime. Plutôt que le rose bonbon, même acidulé, le noir et le rouge sang seraient mieux venus. Aïda Asgharzadeh, l’adaptatrice, déborde de talent et aurait pu rapprocher l’intrigue de notre époque. Cupidité, jalousie et machiavélisme n’ont pas d’âge…
La seconde difficulté vient du personnage de l’avocat, faible et soumis à sa maîtresse, alors qu’on peut l’attendre ténébreux et roué. Presque drôle, il empêche le spectacle de plonger vers une noirceur qui lui donnerait sa vraie puissance sardonique et méphistophélique.
Piège pour Cendrillon. Théâtre Michel, Paris (VIIIe).
La note de L’Express : 14/20