« Ici, tous les anciens ont des histoires familiales à raconter sur le débarquement », confie Jean-Pierre Lhonneur, maire de Carentan-les-Marais. Et pour cause : point de jonction entre Utah Beach et Omaha Beach, la commune du Calvados a été au coeur de l’opération déclenchée le 6 juin 1944 par les Alliés. Une réplique de parachute, devant le bâtiment de l’hôtel de ville, rappelle aux visiteurs le rôle des troupes aéroportées américaines dans la libération de Carentan. C’est pourquoi lorsqu’en 2020 Hervé Morin, président de la région de Normandie, a suggéré au maire d’accueillir le projet Hommages aux Héros, celui-ci n’a pas hésité. Car si la région dispose déjà de nombreux lieux de mémoire, attirant plus de 5 millions de visiteurs par an, cette initiative, portée par des promoteurs privés venus de la télévision, du spectacle et de la communication, tranche par son aspect futuriste. Les visiteurs assisteront à une vaste fresque historique du débarquement, depuis sa genèse jusqu’à la libération de Paris, dans un théâtre mobile qui se déplacera sur plusieurs centaines de mètres.

250 emplois directs et… des résistances

Effets visuels, émotions, mais aussi respect de la réalité historique : le spectacle devrait accueillir 600 000 visiteurs par an. Le terrain, d’une trentaine d’hectares, a déjà été trouvé, le financement entièrement privé (90 millions d’euros) est bouclé, et dans sa grande majorité, la population locale soutient le projet, qui devrait générer 250 emplois directs, comme en attestent les réunions publiques organisées depuis deux mois.

L’inauguration devrait avoir lieu en 2025, à condition toutefois de surmonter les recours et les résistances que le projet suscite, de la part des militants écologistes, d’opposants politiques ou d’une poignée d’historiens prompts à dénoncer « une opération avant tout mercantile ». « C’est au contraire un formidable moyen de rendre accessible cette tranche d’Histoire auprès des jeunes générations », rétorque Hervé Morin. Et de rappeler la fougue déployée par le député Raymond Triboulet, ancien résistant et artisan de la mémoire des opérations du D-Day, lorsqu’il proposa en 1947 de « promouvoir l’équipement touristique de la zone du Débarquement ».

Prochaine étape : Châteaudun (Eure-et-Loir)