Le théâtre, c’est un être humain et du verbe. Tout le reste est accessoire. Richard Berry en accomplit la plus magistrale démonstration avec Plaidoiries, où il reprend, en résumé, six monologues historiques de grands pénalistes. La défense de Véronique Courjault, qui tua trois de ses bébés; celle de Christian Ranucci, accusé d’avoir tué une petite fille; celle d’une femme qui a organisé l’avortement de sa fille, violée par un camarade. Mais aussi la défense des victimes, les « parties civiles » : les familles du préfet Erignac, assassiné en 1998 par des indépendantistes corses, ou de Zyed et Bouna, deux adolescents pourchassés par la police et électrocutés dans un poste EDF; celles, aussi, des victimes de Maurice Papon. Chacune de ces affaires interpelle, à son époque, la société tout entière. Parfois, elles la font avancer en débusquant ses archaïsmes, ses brutalités, ses contradictions. Est-ce le peuple qui suit le droit ou le droit qui suit le peuple? La justice a souvent un temps de retard, elle manque d’audace. Dans plusieurs des plaidoiries de Berry, l’avocat perd. Mais chaque fois, il ébranle les certitudes, il éveille les consciences. Le combat fondamental est celui contre la peine de mort. Maître Paul Lombard ne réussit pas à éviter le couperet à Christian Ranucci en 1976, Robert Badinter parvient à sauver Patrick Henry en 1977. Lentement, la barbarie de la peine capitale s’impose aux citoyens : en 1981, François Mitterrand, contre l’opinion, impose la fin de la guillotine.

La note de L’Express : 17/20

PLAIDOIRIES, d’après Les grandes plaidoiries des ténors du barreau, de Matthieu Aron (Pocket). En tournée dans toute la France.