
Depuis ses passages récurrents dans Le Plus grand cabaret du monde de Patrick Sébastien sur France 2, il est devenu, avec sa marionnette Jean-Marc, le plus hype des ventriloques. Le 25 janvier, ce sera la dernière de son spectacle Jeff Panacloc contre-attaque. Profitant d’une sieste de Jean-Marc (et de sa chérie Nabilouche), il exprime ici son propre style.
L’Express : Comme ventriloque, pensez-vous avoir plutôt perpétué ou créé un style ?
Jeff Panacloc : J’espère les deux. Perpétuer cet art, tout en créant pour le mieux. Je vois beaucoup de jeunes qui se lancent là-dedans maintenant. J’ignore si c’est moi qui ai provoqué ça, mais si c’est le cas, c’est formidable. D’autant que j’ignore pourquoi moi-même je m’y suis mis. Enfin si. J’ai toujours voulu faire du spectacle, mais sans trop savoir quoi. J’ai commencé par la chanson, à 9 ans, en participant à un télécrochet sur France 3. Et puis ça a été la magie. J’étais très mauvais, mais j’ai réussi à monter sur scène parce que je faisais des vannes.
Dans le style de Garcimore, quoi !
Non, un peu plus moderne quand même dans les vannes. Les gens ne voyaient pas que mes tours étaient pourris, mais moi je le savais. Et puis j’ai croisé le ventriloque David Michel et son pingouin Nestor. Ça a été une révélation.
Quel style de formation ou d’entraînement avez-vous suivi ?
C’est instinctif. J’ai lu quelques bouquins sur le sujet qui ne m’ont pas servi à grand-chose. J’ai commencé par m’entraîner face à un miroir, comme un chanteur ou un imitateur débutant. Je passais pour un dingue aux yeux de mes parents -qui, malgré leurs modestes moyens, m’ont toujours soutenu dans mes envies, à m’acheter une batterie quand je voulais être batteur, à me payer tout le matériel quand je voulais être magicien… Quand je leur ai dit que j’allais finalement être ventriloque, ils n’ont pas bronché -sans doute soulagés, car une marionnette leur coûterait moins cher qu’un piano, par exemple.
Dans le style d’infos qui circulent sur vous, il y a celle qui dit que vous avez baptisé votre marionnette, Jean-Marc, en hommage au patron du magasin de magie où vous vous fournissiez. Vous confirmez ?
Je confirme. Et il est ravi ! C’est parti d’une blague. Comme mon nom de scène [son patronyme, Colcanap, épelé à l’envers] trouvé par un copain. Je pensais changer quand ça marcherait pour moi, persuadé que cette histoire de ventriloque durerait deux semaines… Sauf qu’une fois que vous passez chez Michel Drucker avec un nom, c’est mort ! Vous ne pouvez plus changer.
Quand Jean-Marc dort, que se passe-t-il ?
J’ai une vie. A la maison, Jean-Marc n’existe quasiment pas. Avec ma femme et ma fille, on n’en parle pas. Il n’y a quasiment pas de photo de mon complice. J’ai toujours essayé de scinder les deux. C’est nécessaire de faire des pauses. Même si c’est compliqué avec les réseaux sociaux…
Quel style de public avez-vous ?
On a tous les âges. Et j’en suis très fier. Il y a des familles qui réservent un rang entier. Quand les enfants se marrent, les parents sont heureux. Et l’inverse est aussi vrai. On se prend la tête avec mes auteurs afin de remplacer un mot vulgaire quand ce n’est pas nécessaire. Parfois, il n’y a pas le choix. Mais comme c’est rare, les gens sont d’autant plus choqués et j’adore ça. Mon moment préféré dans le spectacle, par exemple, c’est quand Jean-Marc dit : « On boit du vin rouge et je t’encule ! » J’en ai longtemps eu honte, mon producteur m’a demandé de l’enlever, il y a eu des polémiques… Mais je l’assume maintenant.
Le style d’avantage d’un ventriloque ne serait-il pas, comme l’a dit le cruciverbiste Robert Scipion, qu’il « peut parler la bouche pleine sans être mal élevé » ?
Ha ha ! C’est bien trouvé en tout cas. Je peux effectivement dire ce que je veux, puisque c’est Jean-Marc qui dit des horreurs. Ça reste de l’humour. Et quand c’est très drôle, on dit que Jean-Marc est formidable. Et quand les gens n’aiment pas, on dit que c’est de ma faute.
Spectacle : Jeff Panacloc contre-attaque. Le 16 janvier à Grenoble, le 17 à Narbonne, le 22 à Nantes et le 25 à Paris.