L’embellie n’aura pas duré très longtemps. Après des longs mois de fermeture, les lieux de culture, notamment les cinémas, ont enfin pu rouvrir leurs portes au public le 19 mai dernier, malgré un couvre-feu toujours en vigueur à 21 heures et une jauge limitée. Les mesures se sont peu à peu allégées et les entrées ont commencé à remonter en flèche. Surtout à partir du 9 juin, avec le couvre-feu à 23 heures et une jauge augmentée à 65% dans les salles obscures.

A partir de cette date, « la fréquentation quotidienne a progressé, rapporte un communiqué de Comscore, (société d’outils de planification, de valorisation, de monétisation). Cette croissance s’est poursuivie au cours de la semaine du 16 juin pour atteindre plus de 420 000 entrées sur la journée du dimanche 20 juin. Comscore souligne que la fréquentation totale du 16 au 20 juin a dépassé celle des week-ends équivalents de 2018 et 2019. »

« Tout se complique »

De bonnes nouvelles qui ont vite reçu un coup de canif. Avec l’arrivée du variant Delta, le gouvernement a pris des mesures aussi douloureuses que contestées, notamment l’extension du passe sanitaire (qui montre une vaccination complète ou un test négatif) aux lieux de culture capables d’accueillir 50 personnes et plus, depuis mercredi dernier. Une décision mal accueillie par le secteur qui craint d’être encore davantage pénalisé par les mesures anti-Covid.

« On avait retrouvé une fréquentation quasiment normale et avec le passe sanitaire, tout se complique à nouveau. Ce n’est pas tant pour scanner les QR Codes, car il y a des applications très faciles sur smartphone. En revanche, quel sera l’impact sur les spectateurs ? » s’inquiétait dans Les Echos mercredi Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération Nationale des Cinémas Français.

Chute de 70% des entrées

La crainte se vérifie. D’après le site d’information économique, citant le Comscore, le nombre d’entrées a plongé de 70%, mercredi par rapport à la semaine précédente, une baisse de 60% a également été enregistrée jeudi. Les Echos précisent que les grands cinémas (de plus de 10 salles) ont été en première ligne, « notamment ceux avec un public populaire, jeune », explique Marc-Olivier Sebbag. De quoi confirmer les inquiétudes du secteur qui redoute un été catastrophique.

Les professionnels s’attendent donc à un été très difficile. Eric Marti, directeur général de Comscore France, redoute que certains films décident de décaler leur sortie pour éviter le passe sanitaire. Une consolation toutefois : les sénateurs et les députés ont trouvé un accord pour exempter de passe sanitaire jusqu’au 30 septembre les 12-17 ans.

Pas de passe si moins de 50 billets

Pour éviter les contraintes du passe sanitaire, certains cinémas avaient décidé de ne pas demander la présentation du document, appliquant une jauge maximum de 49 personnes. Le ministère de la Santé a rappelé jeudi que le passe sanitaire s’applique dans une salle de cinéma « à partir du moment où cette salle contient 50 places et plus, même si seulement dix sièges sont occupés lors d’une séance ». Les dix spectateurs doivent avoir présenté un passe sanitaire valide, souligne-t-il.

Mais si le cinéma met en vente moins de 50 billets pour une séance – et prévoit donc d’accueillir moins de 50 spectateurs -, le passe sanitaire n’est plus nécessaire, a précisé le ministère.