Son clip Breath of Roma, déposé sur YouTube en décembre 2019, a déjà récolté plus de 400 000 vues : il donne des frissons. Le reste de l’album de Meryem Aboulouafa – composé de onze titres – sorti cette semaine, est tout aussi élégant, exalté et poétique. Il mêle toutes les inspirations d’une jeune artiste qui a absorbé, telle une éponge, toutes les cultures, toutes les lumières, avant de les métamorphoser. Passée par l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Casablanca, où elle est née à la fin des années 80 et où elle vit toujours, la musicienne, auteure et compositrice, a collaboré avec plusieurs artistes (Keren Ann, les producteurs Para One et Ojard) pour polir son opus, juste baptisé « Meryem », et qu’elle a composé dans sa chambre.

Meryem Aboulouafa

Meryem Aboulouafa, « Meryem »

© / Meryem Aboulouafa, « Meryem »

Un album hypnotique

Il y a sa voix déjà, hypnotique, parfois douce comme du miel, parfois sévère et qui délivre des partitions comme des incantations. Meryem Aboulouafa orchestre un objet à part, hybride, mi-folk, mi-lyrique, surtout en anglais, et dans lequel elle distille ici et là la magie de la musique arabe – elle y reprend ainsi Ya Qalbi, adapté d’un morceau classique algérien. Dans Breath Of Roma, elle convoque ainsi son amour pour l’Italie, pour son art et son histoire.

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Dans The Friend, elle décrit son rapport à la prière (« And I ask to be a better person, and I fall and I stand up – je demande à être une meilleure personne, et je tombe, et je me relève) puis, deux titres plus loin, dans Deeply, elle promeut la tolérance (« essaye de comprendre la complexité humaine, le combat entre la foi, la raison et la passion, les besoins et les désirs »). Dans The Accident, bouleversant, elle s’excuse auprès d’un proche, depuis l’au-delà, d’avoir été heurtée par une voiture. « Je me promets de m’aimer, quoi qu’il arrive », clame-t-elle encore.

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