Sur Google, dans les suggestions de recherche, on peut trouver « What is Moby famous for? » (« pourquoi Moby est-il célèbre? »). Figure de la dance music des années 90, il a vendu 20 millions d’albums. Richard Melville Hall – de son « vrai » nom – a revisité le thème principal de James Bond en 1997 (pour Demain ne meurt jamais) puis a connu la consécration mondiale à partir de 1999 et son album Play. Il y « samplait », sur le hit planétaire Natural Blues, la voix d’une chanteuse des années 1930.

Moby And Julie Mintz Visit NBC Los Angeles'

Moby, en Californie, en décembre dernier.

© / – (Photo by Paul Archuleta/Getty Images)

Trente ans plus tard, Moby est un artiste engagé. L’arrière-arrière-arrière petit-neveu d’Herman Melville (célèbre auteur de Moby Dick, dont il s’est inspiré pour établir son pseudonyme) est devenu écolo et vegan. Il a d’ailleurs ouvert un restaurant végétalien à Los Angeles, Little Pine, dans le quartier de Silver-Lake. Il est démocrate et tire à boulets rouges sur Donald Trump à longueur d’interviews. Son nouvel album, All Visible Objectscomposé de onze morceaux – se veut un manifeste politique. Sur la pochette, un ciel d’orage, au-dessus de Los Angeles. L’artiste a déclaré vouloir donner l’intégralité des bénéfices à onze associations caritatives, en faveur des droits des animaux, et des droits de l’homme. Soit.

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Un album-manifeste

Le titre Power is Taken est un discours exalté contre les oppressions scandé par la voix de D.H. Peligro, musicien américain batteur du groupe Dead Kennedys : « Nous qui détestons l’oppression, Devons-nous battre contre les oppresseurs, On ne partage pas le pouvoir, On s’empare du pouvoir. » Sur Refuge, c’est le musicien de reggae britannique Linton Kwesi Johnson qui récite une unique phrase: « To us who were of necessary birth, for the earth’s hard and thankless toil, silence has no meaning » (« Pour nous qui étions de naissance nécessaire, pour le dur labeur de la terre, le silence n’a pas de sens »). Pour le reste, il y a une reprise du titre de Roxy Music, My Only Love, ainsi que des morceaux plus contemplatifs, avec leurs mélodies lancinantes au piano ou aux cordes. Et surtout, il y a ici et là du bon gros rythme électro qui défoule et est taillé pour le dancefloor. En ce sens, le titre qui ouvre l’album, Morningside, fait un bien fou.